Mis à jour : vendredi 7 octobre 2022

Pompoko : Production

Origines

Après Porco Rosso, Hayao Miyazaki se demandait quel serait le prochain animé du studio. Le cheminement de sa pensée fut simple : « Buta, buta... Tanuki ! ». Et il décida donc qu'après un cochon, le film suivant mettrait en scène des tanuki et Isao Takahata en serait le réalisateur.

Dans un entretien en 1996, Takahata a raconté, qu'en fait, il lui aurait plu de réaliser un film dont l'histoire se serait déroulé dans le Japon féodal, à l'époque des grandes batailles. Mais, en se référant à Princesse Mononoke, il a ajouté : « Le problème est que Miyazaki est déjà en train de réaliser une œuvre très similaire et je ne crois pas que le studio Ghibli soit disposé à produire quelque chose qu'on a déjà vu. » Le film de costume que Takahata aurait voulu réaliser depuis plusieurs années déjà n'était ni plus ni moins qu'une adaptation partielle de l'Heike Monogatari, duquel il tirera néanmoins une scène qui a donné lieu à une magnifique référence dans Pompoko (voir la page sur les références culturelles). Il voit également une filiation entre les récits épiques et Pompoko par leurs aspects de chroniques. On aboutit donc à un narrateur, qui nous raconte une histoire sur plusieurs années, avec parfois quelques répétitions, comme dans les grands récits d’autrefois.

L'idée d'un film sur les tanuki vient de Miyazaki, sans qu'il s'inspire d'un roman ou d'un manga en particulier. Dans cette optique, l'écrivain Hisashi Inoue a été contacté par Toshio Suzuki et Takahata suite à Fukkoki, son roman sur les tanuki publié en 1985. Après une longue discussion sur le sujet, l'auteur propose plusieurs scénarios et idées que Takahata refuse. Finalement, le développement dramatique et le manifeste politico-écologique sont l'œuvre de la pensée et de la plume de Takahata : « Au Japon le déboisement prive les tanuki de leur habitat naturel et pour ces animaux, il s'agit d'une véritable tragédie. Une poésie japonaise d'il y a un siècle et demi dit : « Quel divertissement ! Pourtant, qui sait comment et qui sait quand, tout est devenu triste » ».

Le titre Pompoko est une idée de Takahata, la transcription du son émis par leur ventre quand les tanuki les frappent. Cette idée a toujours déplu à Miyazaki, qui le trouvait trop vulgaire et trivial. Il ira même jusqu’à en parler à Inoue pour que celui intercède en sa faveur auprès de Takahata. Cependant le réalisateur, soutenu par Suzuki, ne cédera pas. Le choix de ce titre est en fait révélateur de la réflexion profonde de Takahata quant à ses films. Derrière l’apparente bonhommie du titre se cache une œuvre profonde et complexe, qui rejette l’idée d’héroïsme  par le choix d’un récit collectif, et qui ne symbolise rien d’autre que la lutte des tanuki pour leur survie.

Production

Dans Pompoko, la plus grande partie de l'animation a été réalisée par la jeune équipe qui avait été engagée après Souvenirs goutte à goutte et qui avait littéralement grandi au sein de Ghibli. Miyazaki est à nouveau producteur sur le film et a semblé avoir trouvé la formule pour galvaniser son équipe de tanuki

Après 20 mois de production au total, le film est prêt. Il sort au Japon le 16 juillet 1994. Il remporte un succès énorme, le plus gros du studio Ghibli jusque là et se classe n°1 au box-office japonais cette année (celle de la sortie d'un autre film d'animation animalier, Le Roi Lion).

Fort de ce succès et de ses qualités, Pompoko a été choisi pour représenter le Japon aux Academy Awards dans la catégorie Meilleur Film Etranger. Sa carrière internationale ne s'est pas arrêté là puisqu'il remporte l'année suivant le prix du long métrage au Festival international du film d'animation d'Annecy. Depuis cette date, l'œuvre attendait d'être distribuée en France et ailleurs et n'a malheureusement connu que des projections dans le cadre de festivals. Ce n'est que près de 11 ans plus tard, après les succès des films de Miyazaki, que Buena Vista (Disney) a sorti le film de l'anonymat pour le distribuer dans les salles françaises en janvier 2006.